Photographe professionnel à Paris – Cyril Bruneau photographe

Test du Canon 7D, Canon 5dmarkII, Canon 1DmarkIV et le Nikon D3S sur le terrain par le photographe Hervé Le Gall

09 juin 2010     |     1 commentaire

Le site du photographe Hervé Le Gall est passionnant, c’est un site où il partage son expérience de photographe. Ce qui m’a beaucoup intéressé ce sont ses réflexions autour de plusieurs boitiers par rapport à la photographie de concert. Je trouve les tests d’appareils photos sur le terrain, lors d’une vraie production assez rares. Je lui ai posé quelques questions pour qu’il nous parle de son expérience de photographe de concert, de son expérience avec le Canon 1DmarkIV , avec le Canon 5DmarkII, avec le Canon 7D et avec le Nikon D3s. Au delà du matériel, son site internet est celui d’un photographe passionné par les concerts et la musique live.

Test du Canon 7D, Canon 5dmarkII, Canon 1DmarkIV et le Nikon D3S sur le terrain par le photographe Hervé Le Gall©Hervé Le Gall : Iggy Pop au Festival Yakayalé, Canon EOS 1D Mark IV 1600 iso

Hervé, tu es photographe professionnel du coté de Brest quelle est ta spécialité ?

Mon domaine de prédilection c’est la photo de concerts. Quand je suis arrivé à Brest, il y a une dizaine d’années, le premier endroit où j’ai posé mon sac c’était le Vauban, un endroit mythique de la nuit brestoise. C’est à la fois un hôtel (qui vient d’être rénové), une brasserie et au sous-sol une salle de concerts qui n’a pas pris une ride depuis cinquante ans. Le Vauban, c’est une salle à taille humaine (jauge maxi 500 personnes), c’est un chaudron, un endroit unique, très apprécié des artistes. C’est là, en arrivant à Brest que j’ai tapé mes premiers clichés. Je me suis fait repérer par Charles, le patron de l’endroit. Je suis devenu le photographe maison et Charles est devenu un ami. J’ai shooté au Vauban des centaines de concerts dans tous les genres musicaux. En 2007, c’est l’ouverture de la Carène, une Smac (salle des musiques actuelles), avec une grande salle de 1200 places et un plan de feux splendide. Voilà, à Brest ce sont mes deux endroits de prédilection. Je vais aussi faire des photos au Run ar Puñs, non loin de Brest, à Châteaulin. Là encore un endroit unique, un corps de ferme transformé en salle de concerts. Un lieu magique aussi, tenu par Jakez qui imprime au lieu une marque particulière. Le Run c’est rien que des gens que j’aime. L’affectif est un paramètre essentiel dans mon travail. Je pense qu’on ne peut pas faire de bons clichés en faisant la gueule !

Sur ton site on tu parles de ta passion pour les concerts quels sont tes festivals préférés ? Les groupes que tu préfères voir en concert ?

Jusqu’à 2008, je couvrais régulièrement plusieurs festivals. Le festival Art rock à Saint Brieuc, le festival des Vieilles Charrues (dont je suis l’un des photographes officiels), le festival La route du rock à Saint Malo et le festival du Bout du monde à Crozon. Bref, faites le calcul ! De fin mai à début août, ça faisait cent cinquante concerts, c’était un boulot énorme. Un jour de septembre je me suis écroulé et je me suis pris une avoinée avec mon toubib. Désormais, je couvre quatre jours aux Vieilles Charrues que je ne raterais pour rien au monde. C’est l’occasion pour moi de retrouver les bénévoles, à Carhaix. Mon attachement avec l’équipe des Vieilles Charrues c’est un lien très fort. Cette année, je vais aussi couvrir la fête du Bruit à Landerneau. Une belle affiche, de la zique, du soleil et des potes, il n’y a rien de mieux. Je n’ai pas de préférence, j’ai des goûts musicaux éclectiques. Il y a toujours quelque chose à prendre pendant un concert. Je vais là où mon œil m’amène !

Par rapport à la photo de concert quelles sont les qualités que tu recherches sur un boitier ?

Ce que je vais dire n’est pas spécifique à la photo de concert, même si c’est particulièrement vrai pour ce type de photo. Ce que je demande à mon boîtier, c’est qu’il me suive, c’est tout. Je travaille exclusivement en mode manuel, donc quand je chie un cliché je suis seul responsable. En revanche, si mes réglages sont cleans, je veux que mon boîtier me suive. Sinon, c’est le cauchemar assuré.

Sur ton site tu nous parles de tes expériences différents boitiers, avec lequel préfères tu travailler ?

Du temps de l’argentique, j’ai d’abord eu un Canon F1/F1n avec des optiques mythiques, comme le 55mm asphérique f1,2. Ensuite je suis passé à EOS 3, autre boîtier mythique. En numérique, j’ai eu un 20D, puis un 30D qui s’est avéré être un excellent boîtier, finalement. Et puis il y a eu l’épisode 5D Mark II, douloureux, dans tous les sens du terme. J’ai vraiment été à deux doigts de switcher, d’autant que j’ai testé Nikon D3s entre temps… J’ai aussi testé EOS 1D Mark IV, j’ai fait un banc d’essai complet sur Shots et début mai j’ai continué mes tests avec Canon sur EOS 7D, pour lequel j’ai eu un vrai coup de cœur.

Test du Canon 7D, Canon 5dmarkII, Canon 1DmarkIV et le Nikon D3S sur le terrain par le photographe Hervé Le Gall
©Hervé Le Gall : Eiffel au Vauban, Nikon D3s 12800 iso
Que penses tu du Canon 5d markII ?

Une autre question ? En fait, quand je suis arrivé aux Vieilles Charrues avec mon 5D Mark II en juillet 2009 je venais de recevoir le boîtier. Pour moi, c’était juste un nouveau boîtier, pas de quoi en faire un plat. Mauvaise idée. Quand j’ai shooté mes premières images et que j’ai goûté aux travers du 5D II, je me suis fait vraiment peur. Le boîtier se comportait de manière complètement erratique. En point d’équilibre, il sur-exposait et cramait l’image de manière systématique, l’autofocus était en perdition dans les zones de basses lumières, c’était épouvantable ! J’ai mis un moment pour trouver des solutions et finalement ça s’est bien passé, mais je ne souhaite à aucun photographe de vivre ça. Le mois qui a suivi, j’ai revendu mon 5D Mark II et j’ai écrit un billet assez violent sur Shots. Pour un certain nombre d’afficionados de la marque rouge, je suis devenu la cible à abattre, j’ai même reçu des menaces de mort ! Mais j’ai aussi reçu beaucoup de témoignages qui entérinaient mes constatations et qui allaient parfois bien au-delà. J’ai eu l’occasion de rencontrer des responsables techniques chez Canon France et le climat s’est apaisé. Il faut reconnaître que Canon n’a jamais mis en avant que l’autofocus de 5D Mark II était un foudre de guerre. D’ailleurs c’était le même autofocus 9 points hérité du 5D. Les efforts de Canon sur ce boîtier c’était l’optimisation de la qualité de l’image à 3200iso et bien sûr le mode vidéo. Bref, 5D Mark II n’est clairement pas un boîtier optimisé pour aller faire des photos de concerts ! En même temps je me dis aujourd’hui, avec le recul, qu’un paramétrage fin du boîtier permet d’obtenir des résultats corrects. Moralité, ne jamais partir sur le terrain sans avoir lu la doc (en entier) à tête reposée et sans avoir pris le temps de faire quelques clichés de test.

Tu préfères le 7d ou 5dmarkII ?

Pour avoir testé en profondeur EOS 1D Mark IV, puis EOS 7D, je peux dire que le 7D est son petit frère. C’est vraiment un excellent boîtier et il en a sous le pied. Il faut garder à l’esprit que ce reflex embarque un Double Digic IV capable de cracher de l’image en RAW à 8fps avec un traitement sur 14 bits. Un autofocus 19 points très optimisé qui s’avère vraiment efficace. Et puis au delà de ses fonctionnalités ou de ses performances, ce boîtier a une signature, une touche qui lui est propre, un grain d’image. Quand j’ai vu les premières images que j’ai tapées au festival de jazz Sonore, j’étais sur le cul. Dans DPP, les RAW brut de capteur étaient nickels. Je les ai traduits en jpeg et livrés tels quels. Zéro crop, zéro post prod. C’est en voyant la qualité de ces images que j’ai su que j’allais faire un bout de chemin avec EOS 7D. J’en ai commandé un illico !

Test du Canon 7D, Canon 5dmarkII, Canon 1DmarkIV et le Nikon D3S sur le terrain par le photographe Hervé Le Gall© Hervé Le Gall :Tazartès, festival Sonore, Canon EOS 7D 3200 iso (sans post prod)

En ce qui concerne la photo de spectacles parfois il est primordial d’avoir un boitier très silencieux, y a t-il des boitiers qui s’en sortent mieux que d’autres ?

C’est surtout vrai dans les ambiances calmes, je pense à des sessions acoustiques ou aux concerts de jazz. Nikon a introduit un mode silencieux (Quiet) sur son D3s et Canon en a fait autant avec son 1D Mark IV. Sur EOS 7D le niveau de bruit du déclenchement me semble correct.

D’après tes différents tests jusqu’où te permets tu shooter pour un boulot en ce qui concerne les Iso selon les boitiers ?

Je me souviens d’avoir lu un truc sur internet, un type qui disait à propos du D3s « mais qui a vraiment besoin de faire des photos à 25600iso ? » Je ne connais aucun photographe qui refuserait la possibilité de pouvoir faire des clichés propres jusqu’à 25600iso. C’est ce que j’ai vécu avec Nikon D3s qui est selon moi, sans aucun doute possible, le meilleur reflex numérique pro actuellement disponible. Avec D3s j’ai shooté en concert à 12800iso sans grain, alors qu’avec EOS 1D Mark IV à 10000iso on était déjà limite. Avec EOS 7D, pour le moment je ne suis pas allé au delà de 3200iso mais jusque là c’est très propre. Les hautes sensibilités, c’est un paramètre nouveau, introduit avec Nikon D3s qui a vraiment fait exploser les barrières. Et encore, les prochaines générations de boîtiers vont encore nous surprendre. L’année qui vient va être passionnante, tant chez Nikon (D800, D4) que chez Canon (1Ds Mark IV, 5D Mark III).

Pour le traitement de tes fichiers Raw quel logiciel utilises tu et pourquoi ?

Jusqu’à maintenant j’utilisais principalement Lightroom, que j’ai découvert grâce à Jean-François Vibert qui est un peu à Lightroom ce que Parmentier était à la pomme de terre ! Jean-François a commis un excellent petit bouquin sur le sujet et ça m’avait vraiment donné envie. Les choses ont évolué, il y a eu Aperture 3 qui d’après ce que j’en sais est plus respectueux des profils d’origine Canon. J’ai bien envie de le tester, d’autant que Aperture 3 devrait se sentir à l’aise sur mon iMac qui est assez musclé. J’aimerais bien faire un comparatif sur Shots entre LR 3 et Aperture 3, un de ces jours !

Test du Canon 7D, Canon 5dmarkII, Canon 1DmarkIV et le Nikon D3S sur le terrain par le photographe Hervé Le Gall

© Hervé Le Gall : Fin du concert de Peter Brötzman festival Sonore, EOS 7D 3200 iso (sans post prod)

J’espère que ce petit échange vous donnera envie de visiter son site si vous ne le connaissez pas encore. Vous pouvez retrouver sur son site toutes ses réflexions en détails.

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Rejoignez la discussion 1 commentaire

  • Levet Christophe

    15 juin 2010 à 11 h 39 min

    Interview vraiment intéressante, bravo !

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